Le 02/03/2020 par Amel Boulakchour
L’archipel de Socotra est situé au sud du Yémen, entre l’Afrique et le Golfe persique. C’est l’un des archipels les plus isolé au monde. Issues d’un détachement terrestre, ces îles ont une composition unique et une histoire exceptionnelle.
D’abord égypto-byzantine, l’île sera ensuite colonisée par le Portugal puis le Royaume-Uni pour être finalement rattachée au Yémen en 1967. Socotra est aujourd’hui connue pour sa biodiversité aussi abondante que diversifiée. L’isolement de l’île et son climat particulier ont permis le développement et la préservation d’une faune et d’une flore spéciale. Une particularité classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Une source d’inspiration
Pour un grand nombre d’historiens et de compteurs, l’île est avant tout associée à une riche mythologie. Au Ve siècle, sous l’impulsion de Pline l’Ancien, le lieu va revêtir une importance symbolique. En effet, l’historien l’introduit comme lieu d’origine du Phoenix sacré. Depuis, l’île est associée à différentes histoires mystiques, influencées par ses paysages exotiques. Rebaptisée, l’île aux dragons ou l’île des djinns, ses terres sont au cœur d’un grand nombre d’histoires de la mythologie arabe. L’archipel serait notamment évoqué comme « l’île des génies » dans Le conte du naufragé récit égyptien transcrit sur un papyrus de la XIIe dynastie égyptienne et conservé dans le musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg.
Plusieurs siècles après, ce sont les auteurs et voyageurs Marco Polo et Ibn Batûta qui vont redonner ses lettres de noblesse à l’île en la décrivant dans leur ouvrage comme un lieu de science dont les habitants étaient « les mages les plus savants du monde ».
Espèces et préservation de l’île
90% des espèces de reptiles et 37% de la faune de l’île ne sont présentes nulle part ailleurs. Au total, plus de 800 espèces rares ont été recensées. Parmi ces espèces endémiques, l’une des plus connues est le dragonnier. Cet arbre à la forme originale aurait évolué pour s’adapter au climat particulièrement chaud et sec de l’île. Il est devenu l’une des espèces emblématiques de l’archipel.
Une histoire mouvementée
Outre ses particularités historiques et naturelles, les habitants de l’île auraient été convertis au christianisme au IIIe siècle. Ce n’est qu’au XVIe siècle que ses habitants vont progressivement changer de religion au profit de l’islam.
Sous l’Empire Byzantin, l’île devient une plaque tournante du commerce mondial, avec l’installation d’un port qui permet de commercer avec l’Inde. Profitant de l’emplacement stratégique de l’archipel, c’est ensuite les égyptiens puis les portugais qui vont y implanter des ports commerciaux. Le protectorat britannique d’Aden fera passer l’île du côté anglais avant d’être rattachée à la République démocratique populaire du Yémen en 1967 puis auprès de la République du Yémen après son unification en 1990.
Ces quinze dernières années, des financements internationaux pour la préservation de l’île ont permis de la faire connaître du grand public en mettant l’accent sur sa singularité. Cette particularité on la retrouve également dans la langue, « le soqotri ». En effet, l’île se caractérise par l’usage d’un dialecte millénaire, plus proche des langues sémitiques anciennes. Si la nature de l’île est préservée, l’évolution de sa langue l’est moins. Son étude est pourtant d’une aide centrale pour comprendre l’évolution de la langue arabe et notamment des textes babyloniens. Ses tournures et sa grammaire anciennes ne sont plus utilisées dans les langues sémitiques proches comme l’Arabe ou l’Hébreu ce qui en fait une langue extrêmement riche.
Cette richesse aux multiples visages a été consacrée en 2008 par l’introduction de l’île au sein de la liste du patrimoine mondial. Socotra a également rejoint la liste des réserves mondiales de biosphères de l’UNESCO.
Pour aller plus loin :
- https://whc.unesco.org/fr/list/1263/