NAJI,« LE PÈRE GÉNÉREUX ! »

NAJI,« LE PÈRE GÉNÉREUX ! »

23/10/2022 par Ilham Younes


1- Homme de paix et de dialogue, Naji Younes a œuvré toute sa vie à rapprocher les cultures issues des deux rives de la Méditerranée en diffusant le riche patrimoine de la région arabe notamment dans la région lilloise. Né en Palestine en 1955, puis installé en Jordanie avec sa famille, il est arrivé en France en 1975. Après avoir effectué des études en sciences économiques et sociales, il décide de se dédier entièrement à un projet très personnel qui va alors structurer la suite de son engagement : la fondation de la Librairie l’Olivier en décembre 1982.Agé de 66 ans, le libraire, intellectuel, philosophe, Naji Younes s’en est allé le mercredi 5 octobre 2022. Il a laissé une empreinte très forte dans le cœur de nombreuses personnes comme en témoignent les nombreux hommages qui affluent depuis son départ.

Cette entreprise personnelle du nom de l’arbre béni symbole de paix et de sagesse, est née à la fois d’une réalité, il n’existait pas, à l’époque dans la région, de lieux culturels dédiés à l’orient mais également d’un besoin nourri par le déracinement et la nostalgie du pays. La librairie l’Olivier va devenir très rapidement un lieu incontournable des amoureux

de l’Orient ou de simples curieux désireux de découvrir une région méconnue et trop souvent mal comprise.

En fondant la première librairie centrée sur l’Orient dans le vieux Lille, il va progressivement permettre à de nombreuses personnes sans distinction d’origines et de religions, de décou- vrir cette partie du monde à travers un regard humain loin des stéréotypes et des amalgames. Véritable espace de rencontre et de dialogue ouvert sur le monde, ce refuge culturel rassem- blait et faisait lieu de partage et de réflexion rare autour de cet orient compliqué.

Discret, Naji Younes aimait le partage mais surtout l’ac- tion. Il a notamment été à l’initiative de l’organisation de nom- breux événements culturels à Lille mettant en lumière le riche patrimoine de la région arabe.

Le 30 décembre 2017, après 35 ans d’existence, la librairie l’Olivier fermait malheureusement ses portes au grand regret de nombreux lillois qui perdaient alors un espace précieux d’échanges libres et apaisés. Désireux toutefois de poursuivre l’activité autrement, il sera à l’initiative de la fondation de l’Ob- servatoire en ligne du Patrimoine d’Orient en 2019 dont l’objec- tif est de penser l’Orient à travers le prisme du patrimoine en collaboration avec les secteurs culturels de l’UNESCO.

En encourageant les discours de tolérance et de dialogue contre les préjugés et les extrémismes violents, Naji Younes a contribué de manière active, toujours dans l’humilité et la discrétion, au dialogue interculturel. À travers ses qualités humaines innombrables, Naji Younes a surtout laissé une empreinte très forte dans le cœur de tant de personnes comme en témoignent les nombreux hommages qui affluent depuis son départ. L’Observatoire du Patrimoine d’Orient n’existe- rait pas sans lui et nous souhaitons aujourd’hui lui rendre un bel hommage simple à son image.

Ilham YOUNES

تلك الصور النمطية والخلط. فضاء حقيقي للإلتقاء والحوار، مفتوحة على العالم ، ملجأ ثقافي جمع الناس وغدا مكا ًنا ناد ًرا للتقاسم والتفكير حول هذا الشرق المعقد.

متحفظ ، ناجي يونس كان يحب التقاسم ولكنه يحب الفعل. لقد كان على وجه الخصوص المبادر الأول لتنظيم العديد من الفعاليات الثقافية في ليل لتسليط الضوء على التراث الغني للمنطقة العربية.

في 30 ديسمبر 2017 ، بعد 35 عا ًما من وجودها ، أغلقت مكتبة
«لوليفييه» أبوابها للأسف بالنسبة للعديد من سكان ليل الذين فقدوا بذلك فضاء ثمين للتبادلات الحرة والهادئة. ومع ذلك ، رغبة منه في مواصلة النشاط بشكل مختلف ، لقد بادر مرة أخرى بتأسيس المرصد للتراث الشرقي الإلكتروني عام 2019 ، الذي يهدف إلى التفكير في الشرق من منظور

التراث بالتعاون مع القطاعات الثقافية لليونسكو .

من خلال تشجيع خطابات التسامح والحوار ضد التحيز والتطرف العنيف،ساهمناجييونسبنشاط،ودائًمابتواضعوحذر،فيالحواربين الثقافات. من خلال صفاته الإنسانية التي لا حصر لها ، لقد ترك ناجي يونس بصمةقويةجًدافيقلوبالكثيرمنالناس،كمايتضحمنالعديدمن

الشهادات الذي تتدفق منذ رحيله.

لم أي يكن وجود لمنظمة المرصد للتراث الشرقي الإلكتروني
بدونه. اليوم نود أن نشيد به بشكل جميل وبسيط على صورته.

إلهام يونس 23 أكتوبر 2022

ناجي : « الأب الكريم ! »

1- رجل سلام وحوار ، لقد عمل ناجي يونس طوال حياته على
الجمع بين الثقافات من ضفتي البحر الأبيض المتوسط من خلال نشر التراث الغني للمنطقة العربية ، ولا سيما في منطقة ليل. ولد في قرية جنسفوت بالقرب من نابلس في فلسطين عام 1955 ، ثم استقر في الأردن مع عائلته، ووصل إلى فرنسا عام 1975. بعد دراسة الاقتصاد والعلوم الاجتماعية ، قرر أن يكرس حياته المهنية لمشروع شخصي في غاية الأهمية والذي سيشكل

بعد ذلك كل التزامياته : تأسيس مكتبة l’Olivier في ديسمبر 1982.

هذه الشركة الشخصية ، التي سميت على اسم الشجرة المباركة
رمز السلام والحكمة ، ولدت في آن احد من واقع ، حيث لم يكن في ذلك الوقت في المنطقة أماكن ثقافية مخصصة للشرق ، وأي ًضا من حاجة يغذيها الاقتلاع والحنين إلى الوطن. بسرعة، جسدت مكتبة [l’Olivier] هذه مكانة كبيرة أساسية لعشاق الشرق، أو ببساطة كل الأشخاص الفضوليين الذين

يرغبونفياكتشافمنطقةغيرمعروفةوغالًبامايساءفهمها.

من خلال تأسيسً أول مكتبة مرتكزة على الشرق في وسط
مدينة ليل القديمة ، تدريجيا بدأ العديد من الناس ، دون تمييز في الأصول والأديان ، باكتشاف هذا الجزء من العالم من خلال نظرة إنسانية بعيدة عن

I I – « DE PALESTINE…. MON PREMIER COMPAGNON DE FORTUNE …»

2- Ma peine de perdre mon ami Abou Youssef est immense. J’ai perdu un ami proche que j’ai connu depuis près de 47 ans et avec qui j’ai partagé des années de vie sur le campus de la cité scientifique et des moments d’amitiés dans la librairie l’Olivier ou dans les soirées et les manifestations culturelles et de soutien aux opprimés. Sa présence appor- tait toujours de la chaleur, de la sérénité, du réconfort, des savoirs, et toujours de l’optimisme.

Mon réconfort réside dans l’image que je garde d’Abou Youssef avec son sourire, sa gentillesse et son visage rayon- nant de compassion et d’amour pour tout ce qu’il l’entoure. Que Dieu bénisse notre ami Abou Youssef et donne du réconfort à sa famille et ses amis.

Isam SHAHROUR

III-NAJI,
« L’AMI SINCÈRE ET LOYAL »

3- Sa présence, son éternel sourire, sa bienveillance, je n’ou- blierai pas ce frère d’exception qui m’a tant apporté…J’ai perdu mon frère. J’ai été heureuse d’avoir été une de ces personnes qui ait croisé son chemin. Nous l’avons parcouru ensemble quelques temps et je témoigne de son intégrité, de sa généro- sité, de son sourire qui ne le quittait pas. Allah yarhmou.

Karima TABTI

4- C’est avec une grande tristesse et un pincement au coeur que j’ai appris le décès de mon cher frère et ami sin- cère et loyal qu’Allah le miséricordieux fait pleuvoir sur lui sa miséricorde, le couvre de son pardon, l’enveloppe de bien- veillance et lui accorde le paradis parmi ses serviteurs ver- tueux. Il gardera toujours une place privilégiée dans mon cœur et je ne l’oublierai jamais dans mes invocations et mes prières. Il sera toujours pour moi comme un ange, même si on ne le voit pas on sent sa présence.

Hammadi TABTI

5- Naji a incarné pour nombre d’entre nous la bonté, la sagesse et l’immense connaissance, induites par une très grande soif de spiritualité. Il était mon ami… il était notre ami… il me manque déjà et je sais qu’il manque déjà à ceux qui l’ont côtoyé et apprécié.

Môn Jugie-Bùi-Xuân

6- Naji a beaucoup compté pour moi. Je garde en souve- nir quelqu’un d’exceptionnel toujours prêt à aider les autres. Il m’a beaucoup soutenu et m’a apporté de précieux conseils. Je n’oublierai jamais les moments et les discussions que j’ai pu partager avec lui.

Elodie Wacheux

IV- NAJI OU LE DIALOGUE INACHEVÉ…

7- C’est au milieu des années 2010 que débutait, entre Naji et moi, une longue conversation qui n’a pris fin que par la disparition prématurée de cet ami singulier. Naji était

un fervent croyant alors que ma philosophie s’ancre dans le monisme matérialiste. Les longs échanges que nous avions ne procédaient cependant pas de la dispute, la raison d’être de nos conversations était l’ouverture à l’autre. Nous conve- nions tous deux que ce qui enrichit l’Homme n’est pas la res- semblance, mais la différence.

L’année qui précéda «la crise du Covid», Naji m’initia, avec une patience infinie, à la langue arabe. J’avais conscience d’être un mauvais élève et ceci, malgré l’intérêt particulier que je porte à cette langue et à cette culture. La patience de Naji n’était pas son unique qualité. Loin s’en faut. La gentillesse qui caractérisait son rapport avec les autres le portait à m’en- courager et à me féliciter lors de mon laborieux apprentis- sage. J’avais conscience de ne pas mériter ces félicitations mais cette bienveillance à mon endroit me touchait profon- dément: sans doute est-ce à cela que l’on reconnaît l’amitié.

Amoureux de sa langue maternelle, Naji en appréciait la puissance évocatrice quand elle était servie par l’art des poètes. N’étant ni locuteur arabe, ni poète, je ne puis, pour lui rendre hommage, qu’emprunter à l’un de nos plus illustres auteurs français [Alphonse de Lamartine ] ces quelques vers qui rendent compte de la perte immense que ressentent tous ceux qui, un jour, ont eu la chance de partager avec un ami

des moments intenses d’humanité et de vérité :

« Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières, Vains objets dont pour moi le charme est envolé ? Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé ! » *

V-ME, RAFEE !
THE BLACK AMERICAN FROM NEW YORK

8- I will write in english because although I can speak and also understand french, I am not great at writing in french. I first met Naji perhaps twenty years ago. While walking through the Old Lille, I stumbled upon a bookstore which would further open my mind also give me peace of mind each time I entered. Why ? Because it wasn’t just a bookstore of wonderful, mystical, spiritual and cultural books, it was the meeting with Naji!

The many deep conversations we shared, his knowledge, his soft voice and manner, his open minded spirituality and such human kindness !!! I would simply forget the time and live «that moment».

Rare are humans who are in a constant state of giving, sharing and with absolutely no other intention but to help another human being open their spectre on life, the soul and the quest for peace !!! This was Naji.

I would eventually have the privilege and immense plea- sure of starting Arabic classes with him at his home. We would share tea, nuts and conversation as we learned Arabic. We meaning our mutual friend Stephan Uberti and myself. So their we would sit, Stephan the Italian / French man, Rafee the Black American from New York and our ever so patient Naji! I consider myself fortunate! Extremely fortu- nate to have know such an individual !!!

His capacity to welcome ALL aspects of Islam which led to love for Allah but also love for humanity as a whole was in my sincere opinion, refreshing and therefore representing a model that each human being could aspire to. I am grate- ful, so grateful to have met him, shared moments with him, become attached to him and cry tears of love and sadness at his departure !!!

Naji, that beautiful spirit is in my daily prayers and will remain in my prayers. Each person that crossed his path should take a moment ever so often to reflect on those pre- cious moments they have had with him, meditate on his words and actions and say Alhamdulillah, thank you God for those moments.

Rafee Mc CAMERY

V I – NAJI, LE DISCRET BIENVEILLANT…

9- Naji était pour moi un grand homme, son immense culture, son amour des livres, sa bonté, sa tolérance, sa grande discrétion, son intérêt bienveillant aux autres ; tout cela fait que son empreinte restera gravée en mon cœur à jamais. «Plusieurs étoiles se sont éteintes depuis des siècles, pourtant leur éclat existe toujours».

10- Cher Abou Youssef, Je regrette déjà nos discussions autour de la littérature et de la musique. Autour de la Pales- tine que tu n’as jamais oubliée et autour de la terre dont tu n’as jamais pardonné le vol… Je regrette l’ «Olivier», cet havre

de paix et lieu chaleureux où ouvrages et chefs-d’œuvre nous accueillent bras ouverts. Je regrette de n’avoir pas eu le temps et l’occasion de concrétiser tous ces projets de spectacles et de conférences auxquels nous avions pensés. Mais je ne garde que de bons souvenirs et la sérénité de te sentir en paix.

À Dieu cher ami.

11- Il m’est toujours difficile de réaliser que mon grand ami, Naji, est parti et n’est plus là. Néanmoins, il est arrivé au bout du chemin de sa vie, c’est le chemin que nous empruntons tous, et nous ne laisserons derrière nous que nos actes et des souvenirs. Naji, Allah y rahmou, ne m’a laissé de lui que de bons souvenirs : J’ai eu l’occasion de faire la connaissance de presque toute la famille. Une famille accueillante et très sym- pathique. Il m’a également été de très bon conseil dans de nombreux domaines et notamment pour mes productions littéraires. Par ailleurs, toujours attaché à la cause palesti- nienne, il a été force de proposition pour un projet d’écriture.

Naji a été un de mes témoins de mariage. Le jour où je lui ai demandé s’il pouvait être mon témoin, Naji était à l’hô- pital. Il a accepté volontiers et m’a dit qu’il y serait sans faute, avec Claudine. Il a tenu parole. La dernière fois que j’ai vu Naji, c’était donc le jour de mon mariage, soit un mois avant son départ. Je le remercie une fois de plus pour tout. Qu’il repose en paix, Allah y rahmou.

12- Je remercie notre Créateur d’avoir profité de ses qua- lités à travers sa créature. Le chemin vers Lui m’a été facilité par Naji, grâce à sa douceur, son attention, son humour, sa patience, son ouverture d’esprit, sa foi, sa paix. Assalamou alaykoum Naji, mon ami en Dieu, tu me manques, j’au- rais aimé faire d’autres choses avec toi. Le temps de cette vie nous semble toujours à notre disposition. Alors qu’il passe et emmène au loin des occasions de grandir. A l’école de la vie, Naji était un de mes meilleurs professeurs. Que sa famille fasse perdurer son souvenir et ses prières pour son séjour céleste.

VII-HOMME D’ÉCHANGE

13- Très cher Naji Abou Youssef, j’ai toujours apprécié nos discussions pendant des heures pour les projets culturels les conférences ; ta vision très humaniste, tolérante et pro- fonde a beaucoup changé ma philosophie de la vie. J’ai appris avec toi la sagesse, l’humilité, la soif du savoir, la motivation inoxydable pour être plus sincère, plus profond et plus exi-

geant dans la quête du savoir et de la culture et même dans les choses simples de la vie. Bon voyage très cher Naji et encore mille mercis pour tout ce que tu as apporté à nous tous.

14- S’il suffisait d’un mot pour définir le souvenir que Naji me laisse, cela serait “Amour”. Les discussions, échanges, conseils de libraire m’ont grandement accompagné dans ma reconversion. Il était exemplaire dans sa manière d’être, d’une grande douceur, d’une grande sagesse. Il aura laissé une empreinte indélébile dans mon parcours de vie. Qu’Allah le couvre de miséricorde et l’accueille à la meilleure place dans son vaste paradis.

VIII-PLUS QU’UN LIBRAIRE …

15- Homme de culture, apprécié de toutes et tous, à travers ses qualités humaines innombrables, il a laissé une empreinte d’amour et de bienveillance dans le cœur de nom- breuses personnes.

16-Najifutunepartdemavieetjenesuispasleseuljele sais. Sa librairie « L’Olivier » était l’oasis de Lille où, dès mes 16 ans, j’allais chaque semaine pour y consulter les livres, sen- tir l’encens, le regarder jouer calmement aux échecs avec l’un de ses amis. Homme doux, sage et posé, qui m’offrait si sou- vent les livres qu’à l’époque je ne pouvais m’offrir. Il fut l’un de ceux qui, sans le savoir, guida mes pas vers ce que je suis aujourd’hui, dans mon métier comme dans ma personne. Reconnaissance éternelle Naji.

17- Allah yarhmou. Inch’Allah que le Prophète l’accueille au paradis. Comme tous je me sens un peu orphelin depuis que l’Olivier est fermé, ses discussions et ses leçons font par- tie de mes meilleurs souvenirs lillois, mon cœur est toujours triste quand je passe par la rue Basse.

18- Qu’Allah lui accorde Sa miséricorde et un rang élevé auprès de Lui. Il m’a ouvert les portes du Coran en m’appre- nant les bases de la langue arabe, et sa récompense continuera de grandir même après qu’il nous ait quitté.

19- Notre cher frère Naji Younes est parti poursuivre son voyage vers et en l’Absolu, paix à son âme…Il aura marqué, de son humilité, des générations de lecteurs assoiffés de connais- sance et de spiritualité avec sa célèbre librairie «L’Olivier» dans le Vieux-Lille. Gratitude pour son engagement indéfectible.

20- Monsieur Naji un humaniste simple et haut, un prince de la curiosité, qui vouait au livre et à la littérature le plus ardent des cultes. Il nous racontait surtout ce qu’est, ce que devrait toujours être le métier de libraire, dont le geste nullement virtuel de tendre un ouvrage, un texte, une aven- ture, un voyage, une évasion, une émotion à autrui est un bouleversant don de soi. Merci pour lui, et pour nous lecteurs, ami(e), père, orphelins de cette âme sensible, un grand homme qui nous quitte pour un autre voyage…

21- Nous n’avons jamais échangé sur nos vies person- nelles, pas même nos noms. Pourtant c’était toujours une ren- contre importante. Deux fois par an, je poussais la porte de «L’Olivier», jardin secret où se ressourcer: quelques conseils bienvenus, paroles paisibles et lucides et bien sûr les trésors cachés dans les précieux livres avec lesquels je repartais. Je n’oublie pas…. Effectivement, faisons en sorte de poursuivre ce chemin si humble et si fort de nobles valeurs.

IX-FRANCE-PALESTINE SOLIDARITÉ ET PAS QUE….

22- C’est avec une très grande tristesse que l’Association France Palestine Solidarité Nord-Pas de Calais a appris le décès de notre ami Naji Younes.

Ce fut un privilège et un honneur d’avoir pu connaître et partager de précieux moments dans sa merveilleuse librairie L’Olivier, symbole de la Palestine. Naji et L’Olivier restent pour l’Association France Palestine Solidarité Nord-Pas de Calais indissociables. Chaleureux et généreux, Naji a accompagné de nombreuses années notre association pour faire connaître la Palestine, son histoire, sa culture, ses poètes et écrivains.

23- Naji était un sage, Naji nous irradiait de ses ondes positives, de sa sagesse, l’air de rien. Son savoir, sa gentillesse, ses émotions furtives, discrètes, sa force, sa foi nous envelop- paient, nous apaisaient, nous donnaient de l’espoir si nous étions dans le doute, nous rapprochaient des valeurs qui ont

vraiment du sens, le sens de l’amitié, le sens de l’amour, le sens du respect de l’autre, des autres, de la contemplation des choses simples, de la force que ces choses simples peuvent nous apporter. Naji m’a fait grandir, nous a fait grandir, nous l’avons accompagné jusqu’à sa dernière demeure, faite de terre fertile plutôt qu’une dalle de ciment ou de marbre, terre où j’espère, poussera un olivier…

X-NAJI, L’OLIVIER ET LE JEU D’ÉCHECS…

24- Parmi les passions partagées avec Hajj Naji et en dehors de notre amour commun du monde des livres, il y avait la pas- sion pour le jeu d’échecs. Jeu d’esprit par excellence qui porte une culture, une histoire et beaucoup de symbolisme .

Je me souviens donc de ces après-midis de vendredi où je lui rendais souvent visite pour le voir et participer ou assister à des parties d’échecs déjà entamées entre lui et un autre ami. L’échiquier était minuscule, la concentration intense et le

plaisir diffus dans un silence paisible et régénérateur ; ce moment magique et suspendu, reste encore gravé dans ma mémoire . Il était en symbiose totale avec l’ambiance de séré- nité et de sagesse que dégageait cette librairie, qui avait un cachet très particulier, que je n’arrive pas encore à saisir, ni à trouver ailleurs ; due probablement à la qualité et densité des livres qui sédimentent autant de sens, de savoirs, autant d’intelligences et connaissances en langue française ou arabe ; et aussi surtout à la gentillesse de Hajj Naji, son humanisme, sa bienveillance et son sourire permanent.

L’Olivier était plus qu’une librairie, c’était un centre de ressources et de rayonnement culturel au centre du Vieux Lille, visité par les grands et les petits.

Dernièrement, j’étais agréablement surpris d’entendre quelques trentenaires, (l’âge de nos enfants maintenant) se rappeler de leurs visites, touts petits, à la librairie et particuliè- rement de l’attention à leur égard du Hajj Naji manifestée tou- jours par des petits cadeaux et des jolies cartes calligraphiées.

C’était aussi un lieu de rencontres, de débats et décryp- tage de notre monde arabe en pleine déconfiture. On y venait pour nous rassurer, comprendre, chercher un sens et nous solidariser.

Pour le CCMA (Centre Culturel du Monde Arabe), son fondateur Jean Pierre Lafage décédé en 2007, et moi-même le travail acharné de sensibilisation et conscientisation autour des cultures de Hajj Naji, était un modèle à suivre, sa colla- boration une valeur ajoutée. Il fut intégré, depuis notre créa- tion, à toutes nos manifestations, salons et conférences. Son engagement était sincère , désintéressé et humaniste.

Pour revenir enfin aux jeux d’échecs ; j’ai disputé quelques parties contre Hajj Naji, je n’ai jamais gagné, et réussi dif- ficilement une fois un pat et pourtant mon niveau n’est pas négligeable.

Tarik MERABET

XI-PERTE… «L’HOMME QUI DONNAIT… SANS RIEN REPRENDRE !»

25- Je connais Naji Younes depuis plus de trente ans. D’abord dans sa librairie « L’Olivier », qui était tout simple- ment un repère géographique et culturel qui a enrichi la cen- tralité urbaine lilloise pendant trente-cinq ans. Membre actif de l’association « Libr’aire », qui regroupe les libraires indé- pendants de la ville de Lille et de sa région ; il a eu l’intelligence de greffer ce lieu de culture pour faire connaître et entendre l’autre voix dans la vie culturelle et intellectuelle de la ville. Une présence éclairante qui a malmené de nombreux préjugés.

En effet, malgré la petitesse du lieu, différentes trajec- toires et croyances culturelles et religieuses s’y sont croisées. Après quoi, nombreux sont ceux qui ont pris conscience de l’arnaque du siècle, le soi-disant «choc des civilisations». Avant d’être incarnées par des États et des empires, les civilisations s’influençaient mutuellement par leurs idées et leurs cultures.

Et que la caractéristique humaine se distingue d’abord par le comportement individuel et la façon dont nous traitons et agissons avec l’autre, et non en stéréotypant les autres et en établissant des relations basées sur l’auto-différenciation.

Par ailleurs, la librairie l’Olivier a aussi constitué un refuge symbolique et chaleureux à de nombreux exilés « for- cés ou volontaires » de la diaspora arabe de la région lilloise et du nord de la France. Une sorte de pont ou de passage obligé pour comprendre la culture du pays d’accueil sans perdre de vue le premier foyer.

Puis je l’ai connu comme un ami, cet ami qui te donne une totale confiance et qui, en sa compagnie tu sens qu’il a toujours une longueur d’avance sur toi en termes de généro- sité et de gentillesse. Il a toujours les mots justes pour relati- viser les choses et les aléas de la vie. Comme indicateur de sa bonté, je me souviens comment de temps en temps, [comme s’il voulait éviter la vanité] il faisait délibérément des erreurs dans son jeu préféré, le jeu d’échecs qu’il pratiquait dans sa librairie tous les vendredis après midi contre son ami ira- kien, pour ne pas le fâcher : ce dernier ne voulait pas perdre. [C’était un mauvais perdant !]

Tout au long de sa carrière de libraire, il a dû rencontrer

toutes sortes d’individus. Les éclairés discrets et les idiots extravagants et téméraires aux vérités éphémères. Il termi- nait toujours ses phrases lorsqu’il évoquait les transgressions de certains représentants de la deuxième catégorie, en disant: « Et pourtant, il n’est pas mauvais ! ». L’écho de cette phrase résonne encore dans ma tête… Pas étonnant, sa foi repose sur deux valeurs morales principales : la bienveillance et la tolérance. Il n’était pas qu’un «libraire», il est devenu malgré lui, le confident discret. Beaucoup de ses clients devinrent ses amis. Parmi eux le musicien, le comptable, le plasticien, le médecin, le professeur, le chercheur, l’étudiant… mais aussi pas mal de brebis égarées qui sont passées par sa librairie avec une certaine intention et qui sont reparties avec une volonté et une détermination autres, qui changèrent le cours de leur vie. Il a facilité des rencontres qui ont abouti à de solides amitiés et à la fondation de familles heureuses.

J’ai eu la chance d’avoir continué à le rencontrer de temps à autre depuis sa retraite et la disparition de sa librairie fin 2017, après trente-cinq ans, ainsi que lors de ses récents pro- blèmes de santé. La dernière fois autour d’une tasse de café au [IT] Tritoria Italia à Villeneuve d’Ascq, remonte au 23 septembre dernier. Après avoir annulé un voyage pour rendre visite à sa fille dans le sud de la France, (avis du médecin) il se préparait pour un autre en Palestine via la Jordanie… Il avait

l’intention de retourner visiter ce qui restait des terres de ses ancêtres… Ces lieux qu’il me citait et décrivait constam- ment avec la justesse d’une mémoire qui réfute l’oubli. Une mémoire qui suggère à l’auditeur que Naji, que Dieu lui fasse miséricorde, n’a pas quitté la Palestine, il la portait sur son dos avec ses préoccupations et ses espoirs ; elle l’habitait même quand il décrivait la recette de la «Jubna an-Nabulsia». Mais il refuse de voir la « cause » captive d’une quelconque idéologie : c’est avant tout une question humaine.

Oui, la vie est comme un voyage qu’on effectue à bord d’un train avec notre famille, nos parents, nos frères et nos sœurs. Mais aussi avec des amis, et même avec des inconnus. Au fur et à mesure que le train progresse, de station en station certains des compagnons de ce voyage nous quittent, y com- pris parmi ceux auxquels nous sommes attachés et dont nous pensons qu’ils resteront avec nous indéfiniment… Ils partent sans prévenir. D’autres les remplacent, et peuvent prendre leur place dans le train, certains voyagent un peu avec nous, d’autres doivent débarquer à leur tour dans les prochaines stations…et ainsi de suite…jusqu’à notre tour… Cependant, nous sommes conscients que certains des compagnons de ce voyage, avec ses joies et ses peines, ne peuvent être remplacés ! Ils partent, et avec eux un repère familier, on est alors un peu perdu, car notre rapport au temps et à l’espace et donc à nous-

même, s’en trouve un peu appauvri. C’est la rupture d’un lien affectif qui nous donnait satisfaction et qui nous procurait un soutien indéfectible… Nous l’acceptons, nous prions pour eux, nous nous contentons de nous souvenir d’eux et nous laissons guider par leur sagesse et leur humanité…

Le mercredi 5 octobre 2022, Naji nous a quitté sans préve- nir. Mais ses qualités humaines en ont nourri et abreuvé plus d’un esprit. Il manquera à sa famille et à beaucoup parmi ceux qui ont croisé son chemin.

Je l’ai toujours connu avec une âme rassurante… satis- faite…

Depuis le 8 octobre 2022, le défunt Naji repose au cime- tière de Lille-Sud. Un olivier l’accompagne, en attendant un second qui devrait arriver de la terre de Palestine. Son voyage est une leçon de vie et un symbole qui peut titiller les adeptes de la fameuse citation : « L’orient est l’orient et l’occident est l’occident, et les deux ne se rencontreront jamais » !

Que Dieu lui fasse miséricorde et lui accorde le Paradis.

Mohamed TENFOUR Le 10 octobre 2022

نعم ، الحياة أشبه برحلة عبر قطار مع عائلتنا، والدينا وإخوتنا وأخواتنا. ولكنأيًضامعأصدقاء،وحتىمعغرباء.معتقدمالقطار،منمحطةإلىأخرى يغادرنا بعض رفقاء هذه الرحلة ، بمن فيهم أولئك الذين نحن مرتبطون بهم والذين نعتقد أنهم باقون معنا إلى أجل غير مسمى … يغادرون دون سابق إنذار. يستبدلونهمآخرون،وقديأخذوامكانهمفيالقطار،وبعضهميسافرمعناقلي ًلا ، والبعض الآخر يضطر إلى النزول بدوره في المحطات التالية … وهكذا … إلى أن يأتي دورنا. ومع ذلك، نحن ندرك أن البعض من رفاق هذه الرحلة بأفراحها وأحزانها لايمكناستخلافهم!يرحلون،ويرحلوإياهممعلًماآلفناه،نتيهنوعاما،لأن علاقتنا بالزمان والمكان ، وبالتالي بأنفسنا ، تغدو فقيرة بعض الشيء. إنه تمزق لرابط عاطفي كان يمنحنا الرضا ويقدم لنا الدعم الراسخ … نتقبل هذا ، ندعو لهم ،

ونكتفي بذكرهم ونسترشد بحكمتهم وإنسانيتهم. .. رحل عنا ناجي يوم الأربعاء 5 أكتوبر 2022 دون سابق إنذار. لكن صفاته

الإنسانية قد غذت وروت أكثر من روح. ستفتقده عائلته و سيفتقده العديد من الذين تقاطعت طريقهم بطريقه.

لقدعرفته دائم النفس المطمئنة … الراضية …

منذ 8 أكتوبر 2022 ، الفقيد ناجي رحمه الله يستريح في مقبرة ليل-
جنوب. ترافقه شجرة زيتون في انتظار وصول ثانية من أرض فلسطين. رحلته عبارة عن درس حياة وفيها من الرمزية ما يثير دغدغة أتباع المقولة: « الشرق شرق والغرب

غرب ولن يلتقي الاثنان أب ًدا »!

رحمه الله وأسكنه جنانه.

محمد طنفور 10 أكتوبر 2022

من الحين إلى لآخر ، [وكأنه يتجنب الغرور المحتمل] كان يتعمد الأخطاء في لعبته المفضلة ، لعبة الشطرنج التي كان يمارسها في مكتبته كل يوم جمعة، ضد صديقه العراقي،حتىلايغضبه:لقدكانهذاالأخيرلايتقبلالخسارة.[بلكانخاسًراسيئا!]

طوال حياته المهنية كبائع كتب ، كان عليه أن يقابل جميع أنواع الناس.
منهم المتنور المتحفظ ومنهم الأحمق المتهور الباهظ بالحقائق سريعة الزوال أو قصيرةالعمر.دائمًاماكانينهيجملهعنداستحضارتجاوزاتالبعضمنممثلي الفئةالثانية،بقوله:«ومعذلكفهوليسسيًئا!».لايزالصدىهذهالجملةيتردد في رأسي … لا غرابة في ذلك، أساس إيمانه قيمتين أخلاقيتين رئيسيتين: الإحسانوالتسامح.لميكنمجرد »بائعًاللكتب »،لقدأصبح،رغماعنه،بمثابةكاتم أسرار. العديد من زبائنه غدوا أصدقاء له. منهم الموسيقار، والمحاسب، والفنان التشكيلي، والطبيب، والأستاذ، والباحث، والطالب … ولكن أيضا الكثير من تلك الخرفان الضالة التي مرت على مكتبته بنية معينة وغادرت بإرادة وعزيمة أخرى، غيرت مجرى حياتها. لقد سهل لقاءات أثمرت بتكوين صداقات متينة وتأسيس

عائلات سعيدة.

لقد حالفني الحظ لأنني استمريت بلقائه من حين لآخر منذ تقاعده
واختفاء مكتبته نهاية عام 2017 ، بعد خمسة وثلاثين عا ًما ، وكذلك خلال فترة مشاكله الصحية الأخيرة. يعود تاريخ آخر مرة حول تناول فنجان قهوة في مقهى [IT: Italia Tritoria] في Villeneuve d’Ascq إلى الثالث والعشرين من سبتمبر. بعد إلغاء رحلة لزيارة ابنته في جنوب فرنسا (نصيحة الطبيب) كان يستعد لرحلة أخرى إلى فلسطين عبر الأردن … كان ينوي العودة لزيارة ما تبقى من أرض أجداده … تلك الأماكن التي كان ينقلهاويصفها باستمرار بدقة ذكرى تدحض النسيان. ذاكرة توحي للمستمع أن ناجي رحمه الله، لم يهجر فلسطين ، لقد كان يحملها على ظهره بهمومها وآمالها. تسكنه حتى وهو يصف طريقة تحضير « الجبنة النابلسية ». ولكنه كان يرفض رؤية « القضية » أسيرة لأية أيديولوجية : إنها قبل كل شيء قضية إنسانية.

الرجل الذي أعطى …بدون مقابل !

25-أعرفناجييونسمنذأكثرمنثلاثينعامًا.أوًلافيمكتبته « L’Olivier »،التيكانتببساطةمعلًماجغرافًياوثقافًياأثرىالمركزيةالحضرية لمدينة ليل على مدى خمس وثلاثون سنة. عضو نشط في جمعية « Libr’aire » ، التي تجمع بائعي الكتب المستقلين لمدينة ليل وضواحيها ؛ لقد كان لديه الذكاء لزرع هذا المكان الثقافي لسماع الصوت الآخر في الحياة الثقافية والفكرية للمدينة. منبر ساهم في تصحيج الكثير من الأحكام المسبقة. رغم صغر المكان ، لقد تقاطعت فيه مسارات ومعتقدات ثقافية ودينية مختلفة. تفطن بعدها الكثير إلى احتيال القرن ، أي ما يسمى « صراع الحضارات ». قبل أن تجسدها الدول والإمبراطوريات ، الحضارات هي أفكار وثقافات متبادلة التأثير والتآثر. وأن السمة الإنسانية تنعكس بالسلوك الفردي وكيف نعامل ونتعامل مع الآخر ، وليس من

خلال تنميط الآخرين وإقامة علاقات على التمايز الذاتي.

منجهةأخرى،لقدكانتمكتبة«لوليفييه»أيًضا،ملاًذارمزًياودافًئا للعديدمنالمنفيين »قسرًياأوطوعًيا »منالشتاتالعربيفيمنطقةليلوشمال فرنسا. لقد غدت كالجسر أو الممر الذي لا بد منه لفهم ثقافة البلد الحاضن دون

فقدان أو نسيان البيت الأول.

ثم عرفته كصديق ، ذاك الصديق الذي يمنحك الثقة الكاملة والذي ، تحس رفقتهأنهيتقدمعليكدائًمابخطوةمنحيثالكرمواللطف.لديهدائًماالكلمات الصحيحة لوضع أمور وتقلبات الحياة في نصابها. كمؤشر على طيبته ، أتذكر كيف أنه

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